Non, pas toujours.
Indiquer les erreurs, en faire le décompte et associer une valeur à chacune (par exemple, 0,5 point par faute) est la méthode la plus répandue d’évaluer la langue. C’est sans doute la plus traditionnelle, aussi. Mais elle n’est pas si simple.
En effet, comment calculer ce qu’est « une faute »? Quand un élève a erré dans une cascade d’accords (il écrit par exemple : de joli cadeau bien emballé), a-t-il commis une erreur (le groupe du nom doit être au masculin pluriel) ou trois (il faudrait un s à joli et emballé, et un x à cadeau)? Quand il fait une faute d’orthographe dans un mot qu’il répète dans un texte, doit-on le pénaliser à chaque itération du mot? Pénalise-t-on pour un mot bien écrit, mais mal choisi?
Déterminer comment pénaliser chacun de ces éléments demande réflexion, et il est à peu près certain que deux correcteurs différents ne procéderont pas de la même façon. Il en résulte donc que, même si le calcul du nombre d’erreurs peut paraitre un processus très rigoureux, dans les faits, il peut entrainer des écarts selon la personne qui corrige.
En outre, cette manière de faire pénalise les élèves qui ont écrit plus de mots (et qui ont donc, statistiquement, plus de risques de commettre des erreurs). Les élèves en sont d’ailleurs bien conscients; certaines personnes avouent écrire des réponses très succinctes dans certaines évaluations pour éviter de perdre des points pour la langue (en prenant le risque de répondre d’une manière moins complète à la question)…
D’autres méthodes d’évaluer la langue existent, qui peuvent contourner certains de ces désavantages.
a) Correction de la langue à l’aide d’une grille à échelle qualitative
Une grille à échelle qualitative est un outil de correction fort simple, qui permet de donner rapidement une rétroaction claire à l’élève. Cette méthode de correction est particulièrement pertinente quand il s’agit de corriger des textes de longueurs ou de formes variées (par exemple, un journal de bord, un examen de connaissances, etc.). Elle ne peut cependant être utilisée pour des textes très courts, qui ne permettent pas à la personne qui évalue de se faire une idée juste du degré de compétence du scripteur qu’il corrige.
Voir : Exemple de grille qualitative (PDF)
Les grilles qualitatives constituent de bons outils de correction dans la mesure où elles comptent un nombre pair de colonnes. La nature humaine étant ce qu’elle est, une grille composée d’un nombre impair de colonnes (par exemple : « le français écrit est excellent », « le français écrit est correct » et « le français écrit est faible ») incite la personne qui corrige à trop souvent choisir la colonne du centre. Dans cette grille à quatre colonnes, on pourrait placer dans les extrémités les travaux exemplaires. À gauche complètement, on classerait un travail excellent, qui montre que l’étudiant ou l’étudiante se situe nettement au-dessus de la moyenne. À l’extrémité droite, on trouve les travaux dont la langue est si mal maitrisée que la compréhension des idées en est affectée. C’est dans les deux colonnes du centre que se trouve la majorité des travaux.
La grille présentée en exemple propose une modulation : un travail dont « le français écrit est bien » peut se voir accorder de 6 à 8 points. Toutefois, cette modulation n’est pas obligatoire. Un prof pourrait proposer la même grille en quatre colonnes auxquelles seraient rattachées les notes 10, 7, 4 et 0, par exemple.
La grille utilisée pour évaluer la langue peut aussi être plus élaborée et se décliner en critères. Cela permet notamment d’expliciter aux élèves les attentes liées au domaine ou à la discipline. En voici un exemple, pour un rapport de stage. Ici, chaque aspect de la langue a été défini de manière isolée. Il est aussi possible de regrouper certains critères (orthographe, accord et conjugaison, par exemple, ou construction des phrases, ponctuation et structure du texte).
Voir : Exemple de grille qualitative utilisée pour la correction d’un rapport de stage (PDF)
Un prof peut, avec une telle grille, surligner ou souligner les affirmations dans chaque colonne qui s’appliquent à la copie corrigée; il donne ensuite une note sur 10 pour la langue, à la lumière des constats de la grille.
b) Correction de la langue par fréquence d’erreurs
Une autre manière de corriger le français qui ne pénalise pas les élèves les plus prolixes est d’établir, pour une copie donnée, la fréquence d’erreurs, soit le nombre d’erreurs par mots. C’est de cette manière, par exemple, que le ministère évalue la maitrise de la langue lors de l’Épreuve uniforme de français.
Pour calculer la fréquence d’erreurs, il convient d’appliquer la formule suivante : il faut diviser le nombre de mots dans le texte corrigé par le nombre de fautes; le résultat est alors exprimé sous la forme d’une une faute à tous les x mots. Ainsi, dans le cas où une personne fait 15 fautes dans un texte de 2000 mots, on calcule qu’elle fait 2000 mots/15 fautes, soit 1 faute à tous les 133 mots.
On établit alors une correspondance entre la fréquence d’erreurs et la note sur 10 que l’on veut accorder pour la langue. Cela peut ressembler à ceci :
Voir : Exemple de pondération pour une correction par fréquence d’erreur (PDF)
Une faute par trente mots est le seuil de passation de l’Épreuve uniforme de français que doivent réussir tous les étudiants et les étudiantes du collégial pour obtenir leur DEC; une faute à tous les dix mots est jugée inacceptable au niveau collégial; une faute par cent mots est un excellent résultat.