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Témoignage d’une étudiante en Travail social en stage au Nunavik

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Deux étudiantes et un étudiant en Travail social réalisent un stage d’intervention de 12 semaines au Nunavik. Les stagiaires rédigeront des articles et partageront leurs observations et leurs expériences personnelles ainsi que les réflexions qui en découlent. Voyez le témoignage de Mélodie Vallières.

Dès le plus jeune âge d’un enfant, si on lui demande qui est sa famille, la plupart du temps, il nous dessinera ses parents, ses frères et sœurs et peut-être même un animal de compagnie. Pour lui, c’est le sang qui détermine ce qui est une famille. En vieillissant, la réponse peut toutefois changer et poser la question à autrui peut rapidement devenir épineux. La famille est-elle celle que l’on choisit et que l’on crée? Le lien filial peut-il trouver sa raison d’être sur la simple base de la relation?

Il y a maintenant quelques semaines déjà qu’une petite équipe de deux étudiantes et un étudiant, dont je fais partie, s’est envolée vers Puvirnituq, où il y a plus de 2 000 âmes en 2021, représentant une augmentation de 19,7% par rapport à 2016, un petit village inuit du Nunavik, afin d’y réaliser notre stage final en Travail social. Travaillant avec la protection de la jeunesse, j’apprends que la perception de la famille est ici fort différente de la vision partagée dans le sud du Québec.

La famille semble ici être celle que l’on crée. Les personnes aînées sont admirées et respectées et dès un très jeune âge, dans de nombreuses familles, les plus grands sont occupés avec les soins des plus jeunes afin de soutenir les parents. Les cousines, cousins, oncles, tantes, grands-parents et le voisinage sont tous impliqués dans l’éducation des enfants et prêtent main-forte au bien commun de la famille. Valorisant fortement l’esprit communautaire, la famille nucléaire, bien qu’importante, est loin de représenter le seul refuge à l’enfant qu’on élève ici certainement avec un village!

Il semble que nous ayons beaucoup à apprendre des grands airs du Nord, contrairement à ailleurs au Québec, où nous confions les plus jeunes à la garderie et les plus âgés à des centres et des CHSLD, le tout probablement, car nous valorisons beaucoup la productivité. Celles et ceux qui peuvent moins l’être sont donc mis en marge. Détrompez-vous, je comprends que les circonstances et les épreuves de la vie font que cela est parfois nécessaire. Mais je me demande régulièrement si notre culture si individualiste et efficace ne nous a pas éloignés d’un des biens le plus précieux. Au-delà des conditions de vie difficiles et des problématiques parfois très lourdes auxquelles sont confrontées les personnes inuites, problématiques en grande partie causées par le fait que nous avons voulu leur imposer notre mode de vie, le peuple inuit rayonne des liens familiaux.

Crédit photo 1 : Camille Bergeron
Crédit photo 2. Mélodie Vallières