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Écrire en fonction des attentes

Rédiger en fonction du type de texte demandé

Que l’on doive lire ou écrire un texte, il peut être bien de cerner sa forme avant de s’attaquer à la tâche. On n’écrit pas un texto comme on écrit une dissertation en philosophie, on ne lit pas un dépliant publicitaire comme on lit une tragédie classique. Bien comprendre le genre peut donner de bonnes pistes de lecture ou de rédaction.

Le genre, quand on parle de production écrite, est un produit culturel qui possède ses caractéristiques et ses règles propres, souvent déterminées par l’usage. Tout le monde a une idée de ce que doit comprendre un conte de fées : une histoire qui s’est passée « il était une fois », des personnages typés, des péripéties, un peu de magie ou de merveilleux, une fin heureuse…


C’est la même chose pour les autres genres, qui ont tout simplement d’autres règles. Lorsqu’on vous demande d’écrire un curriculum vitae, un rapport d’intervention ou un résumé, on s’attend à une forme bien précise. Assurez-vous de connaitre les règles du genre que vous produisez!

La section suivante présente différents genres textuels qui sont souvent demandés dans le cadre scolaire. On y décrit les grandes caractéristiques de ces types de textes, mais mieux vaut quand même vérifier les exigences apprises dans vos cours!

Dans le matériel qu’elle a créé pour le site du CCDMD, Lucie Libersan s’est intéressée de façon exhaustive à différents genres exigés dans les cours de la formation spécifique. Vous trouverez ici un résumé de ses travaux. Pour en savoir plus, consultez le site du CCDMD.

L’argumentaire de projet

Un argumentaire de projet est un texte qui accompagne et présente une proposition visuelle (logo, vêtement, design, collection…). Il est rédigé par le concepteur ou la conceptrice et s’adresse à des clientes et à des clients. Il a donc pour but de présenter, mais aussi de « vendre », de vanter la proposition visuelle, de persuader que les choix faits par le concepteur ou la conceptrice sont les bons.

Un bon argumentaire doit montrer que le concepteur ou la conceptrice a bien compris le mandat qui lui a été donné, il doit aussi décrire les composantes du projet et expliquer leur signification.


Dans ce type de texte, l’auteur ou l’autrice a tendance à s’effacer derrière le projet. Le « je » se fait donc très discret, et on met plutôt de l’avant les caractéristiques du projet lui-même. Les hésitations qui ont mené au projet final ne sont pas vraiment expliquées : ce qui importe, c’est de laisser croire que les choix retenus sont évidents.

En somme, il faut :

  • Rappeler le mandat dès l’introduction.
  • Mettre en évidence les caractéristiques du projet, de façon structurée (un seul aspect du concept par paragraphe, par exemple).
  • Privilégier les phrases impersonnelles (éviter le « je »).
  • Éviter les hésitations, présenter les choix comme des évidences.
  • S’adresser aux destinataires (les clients et les clientes) de façon détournée, en utilisant le « on ».
  • Qualifier le concept de façon positive en choisissant des adjectifs et des adverbes appropriés.
  • Conclure sur une note positive.

Ces informations sont tirées des travaux de Lucie Libersan pour le CCDMD.

https://www.ccdmd.qc.ca/media/Genres_01Largumentairedeprojet.pdf

Le rapport d’intervention

Le rapport d’intervention est un texte qui doit rendre compte d’une situation problématique. Selon le milieu et le contexte dans lesquels il est produit, on parlera aussi de rapport d’incident, de rapport d’accident ou de rapport d’événement. Dans tous les cas, on retrouve des caractéristiques communes.

Cette section s’inspire du travail de Lucie Libersan pour le CCDMD. On peut consulter le document complet sur le rapport d’intervention en cliquant ici. 


Le rapport d’intervention est précis et concis. Il se limite aux faits et évite la redondance. On n’y retrouve aucune trace de subjectivité. Les rapports servent de mémoire, et on peut avoir à y recourir plus tard, comme document légal. Il est donc important que tous les éléments importants s’y trouvent.

Pour rédiger un bon rapport d’intervention, il faut :

  • Cibler les informations pertinentes. Porter une attention spéciale aux indications de lieu et de temps, éviter les adverbes imprécis comme « là », « plus loin »…
  • Se limiter aux observations objectives en adoptant un point de vue neutre et distancié de la scène décrite. Il faut rapporter l’événement sans raconter une histoire, porter un jugement, argumenter ou interpréter les actions.
  • Rapporter les interventions sans les interpréter, par exemple en utilisant le discours direct pour rapporter les paroles de quelqu’un.
  • Choisir des verbes neutres qui rapportent des actions concrètes
  • Éviter les verbes d’état – les verbes attributifs – tels que « paraitre », « sembler », etc., qui peuvent laisser place à l’interprétation.

Le rapport de laboratoire

Le rapport de laboratoire est un texte qui sert à rendre compte d’une démarche expérimentale dans un domaine scientifique. Il est construit sur le modèle d’un article scientifique, c’est-à-dire qu’il présente d’abord une hypothèse qui sera testée, puis les résultats de l’expérience et, finalement, une interprétation de ces résultats en lien avec la théorie.

Lucie Libersan propose une étude détaillée de ce genre textuel sur le site du CCDMD. Pour consulter le document complet cliquez ici.


Le rapport de laboratoire est utilisé dans la plupart des domaines scientifiques et, même s’il peut varier un peu selon la discipline, il présente presque toujours les contenus suivants : le but de la démarche, le cadre théorique, l’hypothèse de départ, le protocole de l’expérimentation, les résultats, une interprétation, analyse ou discussion des résultats, une conclusion et, finalement, une médiagraphie. Ces sections sont généralement présentées dans l’ordre.

Le rapport de laboratoire doit être précis. Il convient donc de choisir des verbes qui réfèrent à la démarche (vérifier, valider, mesurer…) et de bien distinguer les parties.

Le rapport de laboratoire doit présenter les résultats de l’expérimentation de façon claire, synthétique, sans ambiguïté. Pour le faire, le texte suivi n’est pas toujours la meilleure option : tableaux et graphiques commentés sont souvent les outils à privilégier. Il faut alors s’assurer que le titre des tableaux et des graphiques les décrit bien.

En résumé, pour produire un bon rapport de laboratoire, on essaie de :

  • Respecter une organisation logique et précise.
  • Être efficace et clair.
  • Mettre de l’avant le contenu, et non le rédacteur ou la rédactrice (par exemple en utilisant les thèmes de l’expérience comme sujets de la phrase ou en utilisant des phrases impersonnelles, et en évitant le « je »).
  • Écrire au présent.
  • Ne pas raconter, ne pas se perdre dans des digressions, des appréciations personnelles ou des tournures littéraires.
  • Utiliser un ton neutre (en évitant les termes ayant une connotation positive ou négative).

Le rapport de stage

Le rapport de stage est un écrit pratiqué presque exclusivement dans le cadre scolaire. Il sert à rendre compte d’une expérience dans un milieu professionnel et permet le retour sur une expérience personnelle et professionnelle, la mise en relation des apprentissages théoriques et pratiques et l’évaluation par l’enseignante ou l’enseignant. Dans tous les cas, il s’agit d’un travail de réflexion qui doit être réalisé avec un certain recul.

Lucie Libersan, pour le compte du CCDMD, a produit un document complet incluant des exercices sur le rapport de stage. On peut le consulter en cliquant ici.


La forme et la longueur du rapport de stage peuvent varier. Ce type d’écrit peut même parfois se présenter sous la forme d’un journal d’apprentissage ou d’un journal de bord. Comme les éléments essentiels au rapport de stage sont nombreux et variés et que ce rapport peut être volumineux, il faut miser sur une structure claire. Préparer un plan solide et logique correspondant aux exigences est une étape qu’on ne peut négliger. De même, il peut être à propos de donner un titre à chacune des sections.

Une des difficultés du rapport de stage est que chacune des parties a un but particulier. Alors que certaines parties doivent définir des objectifs ou décrire une expérience, d’autres doivent analyser ou commenter cette même expérience. La forme requise pour le faire devra être adaptée aux besoins de chacune des parties puisqu’on ne définit pas des objectifs de la même façon qu’on réfléchit sur une expérience personnelle. Il importera de respecter les conventions d’écriture propres aux objectifs de chaque partie, même si cela produit un rapport qui donnera l’impression d’une rédaction qui n’est pas uniforme. Il faut s’assurer de bien distinguer les parties qui exigent neutralité de celles qui doivent faire état d’une réflexion personnelle.

Pour une écriture neutre, on peut consulter la section sur le rapport d’intervention.

Lorsqu’il s’agit de commenter une expérience personnelle de manière nuancée et en évitant le piège du jugement, certaines astuces grammaticales peuvent être utiles. Par exemple, on peut parler des impressions que les personnes ou les événements produisent sur nous plutôt que de porter des jugements. On peut aussi limiter l’utilisation de mots connotés.

L’analyse littéraire, le commentaire composé et la dissertation

Encore une fois, il s’agit ici de genres typiquement scolaires. La forme finale exigée pour une analyse littéraire, un commentaire composé ou une dissertation peut varier d’un cours à l’autre, mais certains éléments sont constants.

Ces trois types de textes sont des études d’œuvres complètes ou d’extraits de textes littéraires. Même si on demande parfois à la personne qui rédige de se positionner (dissertation critique) à propos d’un sujet, il ne s’agit pas de textes subjectifs. En fait, il faut voir le commentaire composé, l’analyse littéraire ou la dissertation comme le résultat d’un regard objectif posé sur un objet littéraire. De même, l’objet littéraire observé doit l’être, la plupart du temps, indépendamment de la vie de l’auteur ou de l’autrice qui l’a conçu.


En ce sens, voici quelques règles de base :

  • Éviter le « je » ou le « nous »; privilégier la 3e personne sauf pour les citations.
  • Ne pas s’adresser directement à un ou une destinataire (éviter le « vous »).
  • Rédiger le texte à l’indicatif présent. Par exemple, même si le texte analysé est au passé, on écrira ceci : « Le personnage arrive. »
  • Porter une attention particulière à la présentation des citations.
  • Privilégier une structure simple et efficace : séparer la rédaction en paragraphes qui constituent chacun une unité de sens, s’assurer que l’idée qui sera défendue dans chaque paragraphe est bien campée dès le début du paragraphe.